vendredi 7 septembre 2012

Snow White and the Huntsman. L'histoire avec une grande hache de Bella and Thor.

Monologue




Je ne voulais pas le voir. Mais voilà, ma volonté est aussi malléable qu’une hache dans les mains de Chris Hemsworth. Comprenez : très. Et je l’ai regretté autant que le méchant frère aryen qui tombe entre les mains de Chris Hemsworth. Comprenez : à mort. C’est que Snow White and The Huntsman hésite entre l’héroïc fantasy façon face de Hobbits et le merveilleux niais façon Disney décomplexé. Résultat peu probant, si vous voulez mon avis (et si vous le voulez pas, c’est pareil).




Bon, je vous passe le pitch. Il était deux fois (quelques semaines avant, les inconditionnels du conte des Grimm Bros s’étaient déjà farci le kitchouille Mirror Mirror de Singh) une « enfant au teint blanc comme la neige, aux lèvres rouges comme le sang et aux cheveux noirs comme le bois d’ébène » qui se coltinait une marâtre pas marrante. Le parallèle avec le film de Singh s’arrête là. Parce que Rupert Sanders, il fait plutôt dans l’adaptation libre. Donc, voilà notre Blanche-Neige qui s’échappe le jour de sa majorité de la tour où l’avait enfermée la mégère pas apprivoisée. Coup de pot, un cheval blanc l'attend sagement au bord d'une falaise (la vie est trop bien faite parfois). Elle échappe du coup aussi à l’arrachage de cœur sans anesthésie générale auquel la dite mégère la destinait. La reine mère est aussi vieille que SAR Elisabeth II, aussi a-t-elle besoin de chair fraîche pour renouveler son taux de vitamines B12. Et comme à l’époque, y avait pas encore la Nivéa, ben elle aspire la jeunesse des demoiselles en pleurs pour rester la plus belle du royaume. Le hic, c’est que le Mirror Mirror on the wall (foutrement bien fait, pour le coup) lui prédit que sa garce de belle-fille porte trop bien son titre. Seule solution : la crever et lui prendre le cœur. Facile. Sauf que donc, la demoiselle s’est fait la malle et qu’il faut la courser. Difficile. C’est une mission de choix pour le frère endimanché dont le coiffeur a un sérieux sens de l’humour. Playmoboy charge le fameux chasseur de retrouver la donzelle en fuite dans la forêt enchantée, que jamais personne en est revenu vivant à part justement cet ivrogne de chasseur. Bingo. Mais notre trappeur trapu se prend d’amitié (pour dire les choses proprement) pour la princesse. Moins bingo. Il va la sauver et l’amener chez les partisans de feu son père le roi. Là, elle pourra enfin lever une armée et récupérer son royaume.

Allez, hop, trailer !
                                        


On est évidemment loin de l’autre dinde qui jouait l’aide ménagère chez les sept gnomes chantants. Ici, Evan Daugherty (le screenwriter in chief) nous la réinvente Princesse Jeanne d’Arc. Sous la robe royale, le pantalon. Sous le joli minois, la guerrière. Le tout, rehaussé de la musculature taurine de Chris Hemsworth (Thor, c’était lui) qui campe un chasseur transformé en veuf éploré, donc alcoolique suivant la pure tradition cliché hollywoodienne. Côté œstrogène, on a le prince charmant, rétrogradé en petit duc, genre de fils naturel de Legolas et Robin des Bois. Sam Claflin, c’est un peu Orlando Bloom à qui on aurait enfin arraché sa maudite perruque blonde: un Charming plein de remords et d’adresse à l’arc à flèches. 
Que les amateurs d’accessoires ridicules se rassurent, il y a tout de même eu du budget perruque, entièrement dévolu au vilain frère (dans tous les sens du terme) de la reine. Le personnage made in Daugherty tient de la pute à frange machiavélique, bien laid et dégueulasse comme il sied à un méchant de conte défait. Et Sam Spruell l’incarne de manière très convaincante, notamment parce qu’il a la tête de l’emploi. Mais pas que. Il joue bien aussi. Tout comme Charlize Theron, magnifique reine de glace, à l’hystérie pas toujours crédible mais à la majesté indéniable. Et puis, qu’est-ce qu’elle est belle ! Et le film le lui rend bien. 

Oncle Finn
Avec les cheveux mouillés, c'est encore plus cocasse.
On a du mal à croire qu'ils sont frère et soeur
Niveau scénar, on a tenté de donner un peu plus de consistance à son personnage, en l’affublant du frère Finn entièrement dévoué à sa cause depuis des années (avec le zeste de soupçon incestueux, juste comme il faut) et en développant un chouia l’histoire de son pouvoir. Le chouia tombe malheureusement comme un cheveu dans la soupe, trop fugacement exploité dans un flash-back über court censé nous montrer en deux secondes le pourquoi du comment. On comprend vaguement que le pouvoir qu’elle tire de sa beauté sert un destin de vengeance mais on reste sur sa faim à ce niveau-là. Le flash-back susmentionné est d’ailleurs tellement éphémère qu’il doit y avoir de la producer cut derrière. Dommage. 

Reste qu’au niveau de la réalisation et des costumes, Charlize Theron est vachement gâtée. Scènes et robes somptueuses, que demander de plus ? Alors que l’héroïne, elle, se tape de la cellule préhistorique, de la cavalcade crade, de la danse folklo avec des nabots et de l’armure roi Arthur avec bataille à la clé. 
Pour porter ce rôle de Xéna mélancolique, le directeur de casting n’a rien trouvé de mieux que de nous infliger la maîtresse es melancholia, j’ai nommé Kristen Steward, qui nous retire sa tronche Twilight de « Pas ce soir, chéri ». Crise cardiaque garantie quand elle sourit aux deux-trois moments détente du film, notamment quand elle se balade extatique dans la putain de forêt enchantée qui grouille de gentils papillons, de gentils lutins et d’animaux gentils tout droit sortis des studios Disney. Sa mono-expressivité faciale replonge donc dans l’épisode « Fascination » de la saga vampiricomique, avec Thor et Duke Charming dans les rôles du loup-garou et du vampire.

Fascination
Tentation
Hésitation
C’est une des autres trouvailles scénaristiques, le re-plan à trois pour Kristen Steward. Avec le personnage de Finn, les nains punks et la fin un peu ouverte, le triangle amoureux entre Blanche-Neige, le chasseur et le presque prince charmant rend intéressante une histoire pas toujours très bien ficelée, voire assez inégale. La course poursuite n’est pas des plus palpitantes mais les scènes de la méchante reine sont plutôt réussies, clairement plus que les scènes d’action, hormis la bataille finale, où la veine héroïc fantasy trouve une place de choix.

Dwarfs rock!
Le truc cool, c’est les décors et les costumes. Et de manière générale, l’esthétique du film. On sent la formation de directeur de la photographie du vieux Sanders, dont c’est le premier film en tant que réalisateur de fiction. Si le film mérite d’être vu, c’est absolument au cinéma parce que sur votre pauvre télé de 50 cm, vous risquez de pas trop apprécier l’effort. Un seul regret : qu’il n’ait pas noirci plus le tableau.

Le truc pas cool, c’est le larmoiement abusif. Je ne sais pas combien de gouttes on leur a versé dans les yeux mais les acteurs ont l’œil mouillé en permanence. Ajoutez à cela une musique de fosse grandiloquente aux entournures stratégiques de l’histoire et les toilettes c’est par là. Le film pèche par le pathos. On se croirait presque dans un mélodrame québecquois tire-larmes à tire-larigot. Ca en devient très vite énervant, si bien que la forêt enchantée apparaît au moins comme une pause salvatrice dans ce micmac de sentiments pleurnichards. L’humidité oculaire trouve évidemment un point d’orgue dans le happy end en gros sabots. La boucle est bouclée. Ou presque. Par son côté happy hunt, la fin laisse pendante la résolution amoureuse. Et c’est très bien comme ça. 

Marie I

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